Aux côtés d’H LEMAHIEU et du Collectif FACON DE FAIRE, qui réunit 180 fabricants textiles français, nous avons signé un courrier à l’attention d’Elisabeth Borne, concernant son annonce de remboursement des protections hygiéniques réutilisables. Nous lui demandons que ce mode de subvention puisse donner une préférence aux produits fabriqués localement et avec un moindre impact environnemental.
Découvrez l’intégralité du courrier :
Madame la Première Ministre,
Vous avez annoncé personnellement le 6 mars dernier le remboursement des protections hygiéniques réutilisables à destination des femmes de moins de 25 ans, dans les pharmacies, et à compter de janvier 2024. Nous saluons cette mesure car elle répond à la fois à l’enjeu croissant de la précarité menstruelle chez les jeunes femmes, et celui de la sensibilisation à l’adoption de solutions saines et écologiques.
Les entreprises Les Mouettes Vertes et Lemahieu, conjointement avec le collectif « Façon de Faire » constitué de 180 fabricants français, souhaiteraient par ce courrier demander qu’une forme de préférence soit donnée aux protections réutilisables fabriquées en France. Nos entreprises, à l’image de l’industrie textile française, fabriquent des articles qui répondent aux enjeux environnementaux et de réindustrialisation de toute la filière textile en France. Dans chaque région de France de nombreux emplois sont concernés.
Le marché de la lingerie menstruelle est un marché mature et conséquent, nous fabriquons pour de nombreuses marques locales et engagées depuis 2018.
La production locale est aujourd’hui cependant en fort déclin face à la concurrence qu’exercent les entreprises d’envergure mondiale qui fabriquent dans des pays à bas coût et soulèvent régulièrement des interrogations sur leurs ambitions internationales ou géopolitiques (Chine, Inde).
Nous souhaitons que le remboursement des protections hygiéniques lavables puisse donc donner un avantage à des produits sains et à moindre impact environnemental (une culotte en coton biologique produite localement émet 2 fois moins de CO2). Cette mesure dynamisera la réindustrialisation française. Elle permettra à la fois d’aider les femmes les plus vulnérables, d’engager des changements d’usage vers plus d’écologie, et de promouvoir l’activité économique et industrielle française.
A défaut, cette mesure profitera en très grande majorité à des entreprises étrangères qui ont la capacité de proposer des culottes menstruelles sans garantie sur leur impact sanitaire, social et environnemental, ce qui se traduit par un prix inférieur. Elle conduirait également à alimenter notre dépendance à leur égard et mettrait à mal notre souveraineté nationale, comme cela a déjà pu être constaté pour les médicaments ou les masques pendant la crise du Covid.
A cette époque, toute la filière textile française a démontré son extrême agilité pour la production de masques performants en tissu réutilisables, hélas le succès s’est arrêté à la reprise des échanges mondiaux. Nous ne souhaitons pas, à nouveau, que les développements conduits par notre industrie locale soient remplacés par des produits toujours moins vertueux.
Il est indispensable que des entreprises françaises qui s’engagent à relever les défis de la réindustrialisation, de l’emploi dans nos régions et de l’impact environnemental ne subissent pas une concurrence frontale avec des entreprises étrangères moins-disantes. Dans le cas contraire, les initiatives vertueuses se tariront bien vite, et l’impératif économique prévaudra, creusant les problèmes de souveraineté, de manque d’emplois industriels et amplifiant les désastres écologiques.
Ces thèmes sont d’ailleurs ceux présentés lors de votre déclaration de politique générale du 6 juillet 2022 :
« Les deux clés du pouvoir d’achat durable, c’est le plein emploi. C’est la transition écologique »
« la révolution écologique, que nous voulons mener : Ce sont des innovations, des filières nouvelles, des emplois d’avenir »
L’argent des contribuables doit être utilisé en premier lieu pour servir les intérêts de notre Nation et nous espérons que les modalités d’application de la mesure que vous avez proposée puisse le prendre en compte.
Nous vous prions, Madame la Première Ministre, de croire en l’expression de notre très haute considération.
Aymeric Mautin
Président Les Mouettes Vertes et Trésorier « Façon de Faire »
Martin Breuvart
Président H. Lemahieu et Président « Façon de Faire »